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  • Photo du rédacteurAnne-Laure

L'intimidation à la garderie, ça existe?


« Il n’est pas beau ton dessin, tu sais juste gribouiller », « toi t’es pas aussi grand que nous, je ne veux pas être ton ami », « lui, il m’a tapé, il n’est pas gentil » … on a tous entendus ce genre de phrases, mais sont-elles si anodines que ça? Ne doit-on pas les relever et saisir l’occasion d’éduquer nos enfants à agir de façon adéquate?


L’enfance est une période de « construction ». Et si tout enfant a le droit de se sentir en sécurité, il existe bel et bien des situations d’intimidation dès la garderie. En tant que parents ou éducateurs, nous tombons de notre petit nuage. « Mais ils ont quatre ans! » Nous n’étions pas prêts à affronter si tôt cette problématique. Pourtant, il est crucial d’agir car l’intimidation peut avoir des conséquences graves et les enfants non-accompagnés, qu’il soit victime ou agresseur, peuvent traîner leur « valise » le reste de leur vie.


Savoir reconnaître l’intimidation. À partir du moment où des paroles ou des gestes blessants sont dirigés de façon répétée sur un même enfant, il y a intimidation. Cela peut se traduire par des moqueries répétées, une exclusion volontaire du groupe, des menaces, du chantage, des coups qui entraîne notamment une détresse chez l’enfant qui subit les actes.

« Voyons, ce n’est qu’un enfant, vous savez bien qu’il ne pense pas à mal », « ce n’est qu’une chicane entre enfants, ce n’est pas grave ». En aucun cas, que l’on soit parent ou professionnel de la petite enfance, on ne peut banaliser cette violence. Non, l’intimidation n’est pas une étape normale du développement de l’enfant et une tolérance zéro s’applique face à de tels comportements.


Intervenir de façon adéquate. Il est important de prendre en charge immédiatement l’intimidateur et l’intimidé. Ce dernier est souvent bien souvent oublié et pourtant, ces deux enfants ont besoin d’aide.


Gardez en tête que tout acte à une signification : intimidateur ou intimidé, il peut s’agir d’un manque de confiance en soi, une volonté de se valoriser, une manière d’entrer en contact de façon inadéquate… Il ne faut pas coller une étiquette sur chaque enfant mais bien chercher à comprendre ce qui motive ces comportements.


Accueillez avec l'enfant intimidé ce qu'il a ressenti et assurez-lui votre soutien, sans le victimiser ou tomber dans la consolation à outrance. Vous devez donner à cet enfant des outils pour qu'il puisse s'affirmer. « Personne n'a le droit de faire ça. La prochaine fois, si un ami fait ça, tu dis non à ce qu'il te demande et tu t'éloignes de lui ».


Une fois le retour au calme, énoncez clairement les interdits auprès de l'enfant intimidateur. Sans banaliser, sans dramatiser. Nommez votre tolérance zéro face à l’intimidation verbale ou physique.


Évaluez au cas par cas. En général, avec un enfant de tempérament « meneur », qui aime diriger des jeux, il vous suffira de l’inviter à agir de manière plus respectueuse pour qu’il change de comportement s’il commet des maladresses. Par contre, face à un enfant « dominateur » qui veut à tout prix imposer ses règles, refuse de prendre en considération le point de vue des autres et agit de sorte qu’aucun enfant n’ait de plaisir, votre réaction ne sera pas la même.


La tolérance zéro est à appliquer mais pour qu’elle soit efficace, il faut que les enfants comprennent l’impact de leurs actes et qu’ils perçoivent les conséquences de tout acte d’intimidation (ou de toute autre forme de violence) comme étant justifiées et équitables.


Ne négligez pas de travailler auprès des témoins de l’intimidation. Ce sont eux qui peuvent agir pour lutter contre de telles situations, notamment en allant chercher de l’aide auprès des adultes lorsqu’ils voient de telles situations. Profitez des activités en groupe pour transmettre les valeurs et règles de vie pour bien vivre ensemble.


Et évidemment, collaborez main dans la main entre éducateurs, familles et l'aide d'un psychologue ou psychoéducateur au besoin.


Prévenir l’intimidation. Formez-vous. Soyez conscients et sensibles au problème de l’intimidation car cela reste tabou, au même titre que les autres formes de violence.


Si les limites sont posées de façon claire, il y a plus de chance qu’elles soient respectées. Énoncez des règles de vie claires et précises. Affichez-les. Discutez-en souvent.


Éduquez les enfants dès le plus jeune âge et aidez-les à développer leurs habiletés sociales. Dès deux ans, il est possible de prévenir certains comportements.


Apprenez à l’enfant :


· Qu’il a le droit, et c’est normal, de ne pas aimer ou ne pas s’entendre avec tout le monde. Tout le monde n’est pas son ami. Pour autant, il est important traiter les autres comme on aimerait être traité soi-même. « Comment tu sentirais-tu si personne ne voulait jouer avec toi? Si un autre enfant décidait à ta place? Si tu te faisais taper? ». Au fil du temps, il sera plus sensible aux autres.


· Qu’il peut s’affirmer dans le respect en écoutant l’autre, en nommant le problème, en parlant de façon respectueuse et en cherchant des solutions. Exprimer ses sentiments, écouter sa petite voix intérieure sur ce qui nous convient en tant qu’individu, ça s’apprend tôt. « Tu en penses quoi, toi? » permet à l’enfant de se recentrer sur lui.


· Qu’il a le droit de nommer ce qu’il n’aime pas, de poser ses propres limites. Quand un enfant de deux ans tape, validez avec lui son ressenti. « Je vois que tu es en colère parce que Léon ne te prête pas sa voiture. Tu voulais jouer avec et ça te fâche très fort? Par contre, tu n'as pas le droit de taper ». Pour un enfant qui crie parce qu'un autre le pousse, « Tu n'aimes pas pas ça quand il te pousse et c'est normal. Tu peux lui dire avec des mots que tu n’aimes pas ça quand il fait ça ».


· Qu’il doit accepter la frustration d’un refus, que les autres aient des idées différentes. Décoder les signes d’intérêt ou de refus des autres, ça s’apprend. Quand un ami dit non à plusieurs reprises et qu’il se met à crier, c’est clair qu’il ne veut pas. « As-tu entendu que ton ami ne veut pas te donner sa poupée? Moi je l’entends te dire non depuis tout à l’heure ». Proposez lui plusieurs options : trouver un autre jeu, un autre ami disponible, attendre son tour …


· Que les cadeaux n’achète pas l’amitié, ni même l’amour. Qu’il ne doit pas changer pour plaire ou être accepté. Chacun est comme il est, unique. « Imagines-toi si nous étions tous pareils, quel ennui ce serait ».


· Que dénoncer n’est pas une faiblesse. Qu’il ne faut jamais rester silencieux devant un acte d’intimidation, ou de violence. Les livres sont un bon moyen de libérer la parole et surtout, d’informer. La meilleure arme pour lutter!


Voici quelques références intéressantes : Ça suffit, Lili Macaroni, Tyranono, Poils aux pattes, The invisible boy.


Les situations d’intimidation sont inacceptables et nous choquent à juste titre. Mais rappelons-nous, qu’en tant qu’adulte, il est parfois bien difficile d’accepter et réagir de façon adéquate aux divergences de points de vue.


Alors je vous invite à vous questionner : comment réagissez-vous lorsque vous êtes face à quelqu’un de différent? Que vous êtes en désaccord avec sa vision? Comment gérez-vous les conflits?


Les enfants imitent ce qu’ils ont sous les yeux! Un environnement chaleureux où règnent le respect et l’écoute est la clé. Chacun a le droit de s’exprimer et même le devoir de le faire, dans le respect de l’autre.


À méditer!

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